Zafir hésita devant l’entrée du donjon. Kanabo était un lieu réputé, les monstres en parlaient en bien pour la plupart, et la région entière semblait en connaître l’existence. De nombreuses rencontres sur les chemins lui parlaient même de parents y séjournant et prospérant facilement. Le donjon semblait donc être un havre de paix et d’abondance pour ceux qui, comme elle, devaient affronter la haine humaine à l’encontre des monstres, mais en plus personne ne connaissait l’Arbre Jaune dans cette contrée. Zafir en était venue à ne plus espérer qu’un jour comme celui ci arrive, elle semblait enfin exorcisée du spectre de ses origines.
Pourtant la tour lui faisait peur. Elle était proprement énorme, Zafir ne voyait même pas comment elle pouvait tenir debout. Dans son pays un tel édifice se serait retrouvé à terre avant même d’avoir finit. Elle peinait autant à imaginer le donjon comme un édifice solide qu’à se représenter la quantité d’individus possiblement contenue dans ses entrailles de pierre. Un frisson lui parcourut l’échine, elle n’était plus certaine de vouloir y entrer, si quelque chose tournait mal pour elle il n’y aurait pas de sortie de secours, elle serait bloqué. Mais il s’agissait aussi de l’endroit le plus prometteur, alors elle se fit une raison.
Elle dépassa d’un pas rapide quelques passants, espérant que sa capuche rabattue sur son visage lui permettait de passer facilement inaperçue. Elle détestait attirer l’attention sur elle, surtout celle des étrangers, cela lui faisait l’effet d’être une bête traquée. Lorsqu’un garde baissa les yeux sur elle elle esquiva le regard et se glissa entre deux personnes pour passer les portes.
L’intérieur était grand. Un hall gigantesque s’ouvrait devant elle, des escaliers monumentaux au fond, et de nombreux bancs parsemant l’espace disponible dans lequel des groupes de tailles variées s’agglutinaient.
Sa houppelande voletant autour d’elle l’elfe slaloma entre les groupes, évitant autant que possible une trop grande proximité, et monta rapidement les escaliers vers les premiers étages. Bien que la proximité l’angoisse elle était aussi curieuse de découvrir ce donjon dont tout le monde parlait. Il s’y trouvait des boutiques, un corps de gardes, une bibliothèque, des choses dont peu de villes pouvaient de vanter, et toutes regroupées. Si elle parvenait à se faire une place dans un lieu aussi privilégié sa vie deviendrait réellement tranquille comparée à ce qu’elle était jusqu’à lors.
C’est ainsi qu’elle poussa une porte au hasard, après quelques minutes de déambulation au milieu des échoppes. Elle choisit une boutique arborant un gros rouage comme enseigne et une petite fiole fumante par dessus. Ce semblait être un magasin comme un autre, bien que, comme elle s’en aperçut rapidement une fois entrée, il soit presque complètement vide.